Thomas Pesquet raconte Alpha : le plein d’EVA (8/10 – partie 1)

Crédit : ESA / NASA

Donnant par la même occasion le coup d’envoi de ce portail ISS News, Thomas Pesquet s’était envolé le 23 avril 2021 vers la Station spatiale internationale à bord d’une capsule Crew Dragon de SpaceX, en compagnie de trois astronautes américains.

Le 19 janvier dernier, devant les membres de l’AJPAE (Association des Journalistes Professionnels de l’Aéronautique et de l’Espace), l’astronaute français a détaillé sa mission, que nous vous présentons sous forme de série chaque semaine.

Aujourd’hui, épisode 8.1 : le plein d’EVA, première partie.

Besoin de mise à jour

Thomas Pesquet : « Pendant cette mission, on a fait un paquet de sorties. On était partis pour deux sorties au début pour l’installation d’un nouveau panneau solaire.
L’ISS a huit panneaux solaires, d’une superficie d’environ huit terrains de basket, et une puissance assez élevée, avec environ 70 Kw – on a souvent de la marge.
Mais le système a tendance à vieillir : la station se développe, on rajoute des modules, on rajoute des équipements, qui sont super gourmands en énergie électrique, comme par exemple les fourneaux pour la science des matériaux.
On s’est aussi rendu compte de la dégradation des panneaux solaires et des batteries, il fallait mettre un peu tout ça à jour ».

Crédit : ESA / NASA

Une chorégraphie compliquée

Thomas Pesquet : [Le nouveau panneau à installer, appelé iRosa, est un] « concept de panneau solaire qui se déroule, donc super sympa. Un peu comme les poches de pantalon, pour ceux qui font du vélo.
Ils font environ 350 kg chacun, et il a fallu les installer tout au bout de la station, donc à bâbord (à gauche) ; on était le plus loin possible du sas de sortie.
Il y a un support qui a été construit par une sortie précédente. C’était super loin. On a dû se passer le panneau.
Moi, j’étais sur le bras robotique piloté par Megan et Shane sur la structure. Je passais à Shane, qui me le repassait et ainsi de suite. Une chorégraphie super compliquée, mais qu’on a répétée de nombreuses fois en piscine.
Mais, malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu ».

Crédit : ESA / NASA

Demi-tour

Thomas Pesquet : « On s’est rendu compte que le panneau solaire ne s’engageait pas quand on le déployait. Ce qui n’était pas un super moment.
On a aussi Shane qui a perdu les lumières de son casque, il a fallu bricoler un truc à la MacGyver en sortie extravéhiculaire.
Heureusement que j’ai pu lui rattacher avec une petite longe anti-dérouleur, un objet qu’on a pour tenir tous nos outils.
Au final, un petit bricolage rapide, et ça a tenu tout le reste de la sortie : c’était bien.
Il faut environ 25 minutes pour atteindre le bout de la station, que ce soit à pied ou en bras robotique si tu y vas à un rythme normal. De toute façon, dans n’importe quel scénario d’urgence, il faut qu’on soit retourné au sas en 30 minutes. C’est ce à quoi on s’entraîne en piscine.
Donc, ça veut dire que tu te ramènes toi, mais tu peux aussi ramener un gars qui peut être complètement « out », ce qui n’est pas l’exercice le plus facile, parce que mine de rien, ça pèse son poids un équipier en scaphandre ! Enfin, disons que c’est une grosse charge, qui est difficile à manœuvrer ».

La semaine prochaine (épisode 8.2) : le plein d’EVA, deuxième partie.

Retranscription de Stéphane Sebile

Retrouvez l’épisode 7 : Objectif science