
Donnant par la même occasion le coup d’envoi de ce portail ISS News, Thomas Pesquet s’était envolé le 23 avril 2021 vers la Station spatiale internationale à bord d’une capsule Crew Dragon de SpaceX, en compagnie de trois astronautes américains.
Le 19 janvier dernier, devant les membres de l’AJPAE (Association des Journalistes Professionnels de l’Aéronautique et de l’Espace), l’astronaute français a détaillé sa mission, que nous vous présentons sous forme de série chaque semaine.
Aujourd’hui, épisode 6 : cohabiter.
Zones de contraintes multipliées
Thomas Pesquet : « On s’est mis au boulot assez rapidement. [Les membres de] Crew 1, nos prédécesseurs sur la station, sont redescendus au bout de quelques jours ; on a donc été quelques jours dans la station avec eux.
Et heureusement, j’ai envie de dire. Car, même si on les aimait bien, ça fait quand même beaucoup de monde. On n’a qu’une machine de sport, qu’un seul vélo d’appartement, que deux toilettes, que six couchettes… Donc, quand on se retrouve nombreux, c’est un peu compliqué d’organiser la vie à bord de l’ISS…
Et puis, bizarrement, on ne fait pas forcément plus d’expériences scientifiques en multipliant les membres d’équipage. Parce qu’en fait on multiplie les zones de contraintes.
Les gens qui gèrent notre planning font en sorte qu’on ne se marche pas sur les pieds. Du coup, on essaie d’être un par module, les choses sont quand même séquentielles, on ne peut pas trop faire en parallèle. Donc au final, il n’a pas de courbe proportionnelle entre le nombre de gens qu’on met dans l’ISS et le nombre d’expériences scientifiques qu’on fait, qui est un peu le paramètre de sortie, l’output, de ce qu’on fait dans l’ISS.
La courbe monte jusqu’à un certain moment. Elle monte fort au début, parce qu’il y a une partie incompressible, la maintenance, l’entretien, la logistique… Tout ça qu’il y ait deux, trois, cinq, ou six personnes, c’est toujours à peu près le même nombre d’heures…
Il faut tester le système d’eau toutes les deux semaines par exemple, il faut vérifier son équipement d’urgence toutes les trois semaines ; qu’il y ait une ou dix personnes, c’est le même nombre d’heures.
Donc, on va dire que, quand on a trois personnes à bord de l’ISS, on a peu de temps à consacré à la recherche au final, parce qu’on obligé de consacrer ce temps incompressible, à assurer notre présence à bord.
Ensuite, à partir de quatre, cinq, six, là on commence vraiment à monter sur la courbe de la recherche scientifique, et puis, à partir de sept, huit, neuf, ça plafonne un petit peu, voir même ça retombe. Ensuite, on a trop de gens, trop de contraintes, trop de logistique ».

Retrouvailles avec Oleg Novitski
Thomas Pesquet : « Nous, on s’est retrouvés à sept pour une grande période de quasiment cinq mois, avec notre équipage de Crew 2 et l’équipage du Soyouz, avec Oleg Novitski – encore une fois un « usual suspect » pour moi parce que c’était mon commandant Soyouz pendant ma première mission, on avait passé six mois ensemble, plus l’entraînement, donc on se connait super bien. Là, on n’a pas décollé ensemble vu qu’il était sur Soyouz et moi sur Dragon, mais on a passé la majeure partie de la mission ensemble.

Mark Vande Hei, Oleg et Piotr Doubrov (dont c’était le premier vol) étaient l’équipage du Soyouz. Oleg, c’était son troisième vol et il est arrivé à 500 jours en orbite. Pour Mark, c’était son deuxième vol ».
La semaine prochaine (épisode 7) : objectif science.
Retranscription de Stéphane Sebile
Retrouvez l’épisode 5 : Onze à bord