
Deux astronautes ont réalisé le 23 mars des travaux de maintenance à l’extérieur de la Station spatiale internationale et ont fini d’installer la plateforme d’expériences européenne Bartolomeo.
Un peu plus d’une semaine après la sortie américaine US EVA 79, deux astronautes de la Station spatiale internationale ont réalisé le 23 mars une nouvelle sortie dans l’espace (US EVA 80) depuis le module Quest, en combinaison américaine dite EMU ((Extravehicular Manoeuvring Unit).
Il s’agissait de l’Américain Raja Shari, qui a participé à la sortie précédente, mais aussi, et c’est une première pour lui, de Matthias Maurer, astronaute allemand de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Chacun dans son coin
En fait, même s’il s’agissait d’une seule et même sortie, chaque astronaute a principalement travaillé seul dans une zone différente de la station.
Raja Chari, arrimé à une plate forme au sommet du bras robotique Canadarm2, a travaillé au remplacement de tuyaux appartenant au système de refroidissement de la station utilisant de l’ammoniac. Ces tuyaux, suspectés de fuir, avaient été rapatriés sur Terre pour réparation, puis renvoyés dans l’espace pour y être réinstallés.

De son coté, Matthias Maurer a d’abord installé un câble Ethernet, avant de se diriger vers la plateforme scientifique externe européenne Bartolomeo, reliée au module-laboratoire européen Columbus, pour en finir l’installation.
Il a ensuite réparé une protection thermique sur Kibo, le module japonais voisin.

Les deux astronautes se sont ensuite dirigés vers le segment P3 de la station, pour installer ensemble une caméra haute définition avec un projecteur.
Ils ont enfin réalisé diverses opérations de maintenance.

Deux incidents
La sortie a duré au total 6 heures et 54 minutes (exactement comme la précédente !), mais la première heure a été perdue pour fixer une caméra et un projecteur qui s’étaient décrochés du casque de Matthias Maurer.
A la fin de la sortie, il a également été constaté une présence d’eau anormale dans le casque de l’astronaute allemand, un incident qui rappelle celui rencontré en 2013 par l’astronaute Italien Luca Parmitano.
La NASA précise qu’à aucun moment la vie de l’astronaute n’a été mise en danger.
Il s’agissait de la 248e EVA réalisée dans le cadre du programme ISS – la troisième de l’année 2022.
Circuit de refroidissement à l’ammoniac
Le circuit de refroidissement à l’ammoniac de la station est l’un des différents systèmes conçus pour garder la station à température optimale. En particulier, les deux circuits autonomes utilisant l’ammoniac (en rouge sur l’illustration) sont utilisés pour véhiculer la chaleur des panneaux solaires de la station vers les radiateurs, où elle est évacuée dans l’espace. C’est sur l’un des ces circuits qu’il a fallu réinstaller les tuyaux réparés.

Bartolomeo, une plateforme commerciale européenne
Bartolomeo, du nom du plus jeune fils de Christophe Colomb, est une plateforme commerciale externe accrochée au bout du module européen pressurisé Columbus. Elle a été réalisée par Airbus Defense and Space et sera exploitée en partenariat avec l’Agence spatiale européenne. Elle a été livrée en orbite par la capsule Dragon de SpaceX lors de la mission CRS-20, en mars 2020.
Bartolomeo permettra à terme d’accueillir jusqu’à 12expériences scientifiques différentes. Le câble installé lors de la sortie du 23 mars était la dernière étape avant l’activation de la plateforme (une première sortie, réalisée le 27 janvier 2021, n’avait permis d’installer que 4 des 6 câbles prévus, et la mise en service de la plateforme n’avait pu se faire que de manière partielle).
Une fois complètement opérationnelle, la plateforme permettra l’alimentation électrique et l’échange de données à haut débit avec la Terre pour chacune des expériences installées.
Formé sur tous les scaphandres
La nomination de Matthias Maurer sur cette sortie US EVA 80 a été une surprise, alors qu’il semblait prévu avant le début de sa mission qu’il participerait à une sortie en scaphandre russe Orlan, pour intervenir sur le bras télescopique européen ERA rattaché au module russe Nauka, arrivé en juillet dernier.
Mais ce changement inopiné s’est avéré d’autant plus possible que l’astronaute allemand présente la particularité d’être qualifié à la fois pour les sorties en scaphandre russe et pour les sorties en scaphandre américain.
Il est le douzième astronaute de l’ESA à participer à une sortie extravéhiculaire.
Jacques Bocherens