Thomas Pesquet retrouve son public

Le 3 juin, 5 000 chanceux ont pu assister à la Cité de l’espace de l’espace de Toulouse à un rendez-vous mémorable avec l’astronaute français.

Il avait déjà fallu être rapide le 23 mai pour obtenir une invitation à la Cité de l’espace pour la venue de Thomas Pesquet le 3 juin suivant : les 5 000 invitations grand public se sont en effet arrachées en moins d’une journée !

Et, le jour J, il a aussi fallu arriver tôt dans l’après midi pour commencer à se positionner devant la scène où l’événement devait se produire, et supporter le soleil de plomb qui irradiait la cité toulousaine. La file d’attente a commencé à se former à l’entrée de la Cité dès le début de l’après-midi, alors que l’événement n’était prévu qu’à 16 h 30…

Tous ces sacrifices en valaient bien la peine : nous avons en effet été gâtés avec la présence d’invités de marque, pour un sympathique après-midi éducatif où l’on pouvait voir dans le public de nombreux enfants de tous âges venus admirer leur idole.

Thomas Pesquet s’était déjà rendu à la Cité de l’espace de Toulouse à plusieurs occasions, en particulier lors du vingtième anniversaire de l’établissement en 2017, après sa mission Proxima. Mais, depuis son retour de la mission Alpha en novembre 2021, c’était son premier rendez vous avec le grand public.

Crédit : Cité de l’Espace

En première partie : des intervenants du CNES et de l’ESA

Après le passage de quelques clips éducatifs sur les missions habitées à travers le monde et des données sur les astronautes pour faire patienter le public, la première partie de la manifestation était consacrée à l’intervention de responsables du CNES (Centre national d’études spatiales) et de l’ESA (Agence spatiale européenne)travaillant sur des projets en lien avec la Station spatiale internationale.

Ils étaient accueillis et présentés par Christophe Chaffardon, le responsable des activités éducatives de la Cité de l’Espace, qui animait avec enthousiasme et efficacité cet après-midi particulier.

Tout d’abord, nous avons écouté Rémi Canton, qui dirige au CNES l’équipe du CADMOS (Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales) depuis 2019. Il nous a donné un aperçu du type d’expériences réalisées et de leurs contraintes à bord de l’ISS. Rémi présente aussi la particularité d’avoir côtoyé Thomas Pesquet pendant deux ans alors qu’ils étaient tous les deux étudiants à SupAero à Toulouse. Il a en particulier parlé du concept d’emballages recyclables comme compost ou comestibles, afin de limiter les déchets liés à l’envoi d’expériences dans l’espace.

Rappelons que Rémi Canton a d’autre part a été élu Toulousain de l’année 2022.

Est ensuite intervenue Florence Clément, responsable d’expériences au CADMOS, au sujet de l’expérience Lumina, qui étudie l’impact des rayons X et des rayons gamma principalement émis par le Soleil sur les astronautes et les expériences dans la station. L’expérience utilise des fibres optiques et reste active même après le départ de Thomas Pesquet.

A sa suite est arrivée Sabine Ansel de l’ESA, responsable de l’intégration des expériences sur l’ISS. Son travail consiste à vérifier en amont que toutes les expériences proposées sont acceptables à bord, en particulier compatibles avec les 8 % du temps dont dispose l’Europe pour effectuer ses propres expériences à bord de la station. Mais aussi en prenant en compte les contraintes liées au lanceur spatial chargé de les envoyer à bord.

Nous avons appris par ailleurs que l’expérience concernant le blob a été réalisée dans une boite noire, sans que Thomas Pesquet ne puisse savoir s’il était toujours vivant ou pas à l’intérieur… En charge de l’entrainement des astronautes de l’ESA à Cologne en Allemagne, Nora Petersen est pour sa part venue parler des modifications de l’organisme des astronautes pendant leur mission et des exercices physiques qu’ils doivent effectuer en orbite pour se maintenir en forme. L’appareil de musculation et le tapis de course de la station nous ont été présentés sur des vidéos.

Pour finir avec les invités de l’équipe scientifique, Sébastien Barde, sous-directeur Exploration et Vols Habités au CNES, a évoqué les missions spatiales habitées dans leur ensemble, en rappelant qu’il y quarante ans s’envolait le premier spationaute français, Jean-Loup Chrétien, pour un séjour à bord de la station soviétique Saliout 7. Il a ensuite évoqué les projets actuels et futurs de l’exploration habitée de l’espace, comme le programme américain Artemis de retour sur la Lune.

Enfin, nous avons eu droit à la visite du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, visiblement obligé de remplir une cruelle mission à la fin de son intervention : meubler avant l’arrivée de Thomas Pesquet, lequel commençait à se faire attendre…

Crédit : Jacques Bocherens

Thomas Pesquet raconte Alpha

Acclamé comme une star à son arrivée, Thomas Pesquet est alors monté sur scène pour la deuxième partie de l’après-midi. Dans un premier temps, avec le support d’un film de 26 minutes sur le mur d’images géant situé derrière lui, il a commenté et raconté le déroulement de la mission Alpha à bord de l’ISS.

Ponctué d’anecdotes, d’émotion et d’humour, son récit a permis de partager tous les grands moments de son voyage dans l’espace. En particulier, la difficulté et les efforts physiques extrêmes nécessaires lors d’une sortie extra véhiculaire en scaphandre qualifié « d’armure rigide ». Et il en a réalisé trois avant de venir à bout de l’installation des panneaux solaires IROSA, entre juin et septembre 2021, dans une zone surnommée le « Far West », car très loin du sas de sortie et peu accessible… Il a également évoqué l’état de fatigue extrême dans lequel se trouvent les astronautes une fois l’amerrissage réalisé, et le soulagement de voir arriver l’aide nécessaire à leur sortie de leur capsule Crew Dragon.

L’astronaute a évidemment partagé beaucoup de photos de la Terre qu’il a réalisées dans l’espace, mettant en avant à la fois la beauté de ces clichés mais aussi les signes déjà visibles d’une dégradation à la surface de notre planète depuis sa première mission, réalisée en 2016-2017.

Crédit : Jacques Bocherens

Une large plage réservée aux questions du public

Pour la dernière partie de son intervention, Thomas Pesquet a pris le temps de répondre à des questions posées par le public. Cette séquence interactive lui a permis de donner des informations complémentaires, comme le fait que la combinaison blanche conçue par SpaceX et portée uniquement dans la capsule Crew Dragon est complètement tributaire de la capsule pour son alimentation en air et électricité, et ne constitue qu’une protection des astronautes du décollage à l’amarrage.

Lors de toutes ces questions, dont beaucoup posées par des enfants, l’astronaute français a su transmettre des émotions en évoquant des thèmes plus personnels comme la séparation avec les proches et les moments de stress ressentis lors du décollage.

Il a également abordé son rôle particulier de commandant de bord et la responsabilité qui lui incombait en cas d’événement grave à bord.

Pour terminer cet événement, un traditionnel selfie a été réalisé avec la foule en arrière-plan :

Crédit : Cité de l’espace

Une fois de plus Thomas Pesquet s’est présenté en digne ambassadeur de l’exploration spatiale, très proche de son public. On lui souhaite de participer un jour ou l’autre à une mission lunaire qui semble être son prochain objectif.

Un grand merci aux organisateurs de cet événement et à tous les intervenants pour avoir pris le temps de venir partager leur passion.

On en redemande !

Jacques Bocherens

Un autre excellent compte rendu de la rencontre du 3 juin est disponible sur le  « Spaceblog » de Charlyne, une jeune passionnée d’espace très prometteuse qui habite la région de Carcassonne.