
[Article paru le 21 mai sur le site d’Air & Cosmos]
Six jours d’essai en vol
Expédié depuis la Floride le 19 mai à 22 h 54 (Temps Universel) à l’aide d’un lanceur Atlas 5 d’United Launch Alliance, le vaisseau Starliner CST-100 de Boeing (sans équipage) est venu s’amarrer le surlendemain à 0 h 28 (TU) au module Harmony (Node 2) de la Station spatiale internationale.
Il s’agissait du vol d’essai sans équipage Boe-OFT 2 (Boeing-Orbital Flight Test 2).
Celui-ci devrait s’achever dans un peu moins de cinq jours, le 25 mai à 22 h 46 UTC, avec un atterrissage sous parachutes au Nouveau-Mexique.
Le vol de qualification Boe-CFT (Boeing Crew Flight Test) devrait suivre à l’automne, avec trois astronautes américains.

Quatrième type de vaisseau de transport d’équipages
Le Starliner devient le quatrième type de véhicules capables d’assurer la relève des équipages de l’ISS.
Cette dernière avait reçu les navettes spatiales américaines entre 1998 (début de l’assemblage de la station) et 2011 (fin de l’exploitation des navettes de la Nasa).
Elle est desservie depuis novembre 2000 par les Soyouz russes (début de l’occupation permanente du complexe orbital), et depuis mai 2020 par le Crew Dragon de SpaceX.
Prise de vue depuis Nauka

Cette superbe vue de l’approche du Starliner a été réalisée depuis le module-laboratoire russe MLM Nauka, par le cosmonaute russe Sergueï Korsakov, sur orbite depuis le 18 mars dernier.
Le vaisseau se trouve en arrière-plan, tandis que le premier plan montre l’arrière du Cygnus NG 17 (et en particulier son moteur Delta Velocity Engine), le cargo-ravitailleur de Northrop Grumman accroché depuis le 21 février au module Unity (Node 1) de la station.
Plus de deux ans de retard
L’histoire du nouveau vaisseau de Boeing, dont le développement a démarré en 2010 dans le cadre du programme CCP (Commercial Crew Program) de la Nasa, est émaillée de nombreux déboires.
Un test d’interruption de lancement sur le pas de tir avait été mené le 4 novembre 2019 depuis le Nouveau Mexique, mais seuls deux parachutes sur trois s’étaient déployés.

Le premier vol d’essai sans équipage à destination de l’ISS, en décembre 2019, avait pour sa part tourné court. Pour cause, plusieurs anomalies logicielles empêchant la capsule de se placer sur la bonne orbite et de rejoindre sa cible.
Un second vol avait dès lors été planifié, avant une première mission habitée. Mais son lancement n’avait pu avoir en août 2020, Boeing devant faire face à des blocages de valves du système de propulsion du vaisseau sur le pas de tir…
C’est donc avec plus de deux ans de retard qu’est intervenue la mission Boe-OFT 2. Et celle-ci n’a pas été épargnée non plus par les incidents au cours de la première journée de vol, entre des moteurs d’attitude refusant de s’allumer après la mise sur orbite et l’anneau d’amarrage un moment récalcitrant…
Pierre-François Mouriaux