Menstruations dans l’espace

Un problème féminin

Le 29 août, une vidéo insolite tournée à bord de la Station spatiale internationale par Samantha Cristoforetti a été publiée sur son compte TikTok et partagée sur les réseaux sociaux. L’astronaute italienne y évoque une problématique jusqu’ici plutôt taboue : la gestion des menstruations dans l’espace. Une première.

@astrosamantha

Replying to @theyarechrisdre « How do you handle menstruation in space? » #AskMe #MissionMinerva #SpaceTok

♬ Inspiration – WavebeatsMusic

Sans entrer dans de grandes descriptions physiologiques, une fois par mois et de manière régulière, les femmes en âge de procréer ont leurs règles. Pendant deux à trois jours, il existe un écoulement sanglant au niveau des organes génitaux externes (menstruation). La gestion de cet écoulement est devenue une préoccupation pour les femmes astronautes (et leurs médecins) depuis le vol de la première astronaute soviétique Valentina Terechkova, en juin 1963, puis avec le premier vol d’une Américaine dans l’espace, Sally Ride, en juin 1983.

De plus en plus de femmes astronautes

Depuis les années quatre-vingt, les vols de femmes astronautes se sont multipliés. Et, si la gestion de leurs périodes de menstruation pouvait être facilitée lors des vols relativement courts de la navette spatiale, la problématique s’est imposée lors des vols de longue durée à bord des stations orbitales. A ce jour, 70 femmes (dont l’Américaine Jessica Watkins) ont séjourné dans l’espace, et 21 ont réalisé des séjours de plus d’un mois. Il a donc fallu trouver des solutions.

Comme sur Terre

En l’absence de pesanteur (facilitant l’écoulement des fluides), le sujet aurait pu être problématique. Mais comme les autres résidus corporels (urines et fèces), l’expulsion en dehors du corps de ces écoulements de sang est assuré grâce à un système de contraction musculaire en dehors du vagin. Les astronautes féminines peuvent donc utiliser les mêmes systèmes de protection que sur Terre (tampons, serviettes périodiques…).

Néanmoins, comme annoncé dans la vidéo de Samantha Cristoforetti, la plupart des astronautes utilise un traitement hormonal capable de bloquer l’apparition des règles durant leur séjour en orbite.

Un engagement courageux

Samantha Cristoforetti est l’une des premières femmes astronautes à évoquer publiquement cette problématique via les réseaux sociaux et aussi facilement ; cela n’a pas manqué de soulever quelques commentaires scandalisés sur son tweet.

L’initiative intervient alors que l’on assiste à un changement sociétal, entre un remboursement des protections féminines qui est devenu un acquis social dans certaines nations européennes, et des publicités sur le sujet de moins en moins tabou.

Le caractère engagé de l’astronaute italienne pour la cause féminine n’est pas une découverte, et la diffusion de sa vidéo depuis l’ISS constitue un geste fort, à l’heure des communications millimétrées par les agences spatiales.

Docteur Guélove Nolevaux