
Né en 1961 (l’année du vol de Gagarine), le dessinateur belge de bandes dessinées Philippe Francq est notamment comme celui qui depuis 1990 met en image aux éditions Dupuis le personnage de Largo Winch. Le 23e tome de ses aventures, « La frontière de la nuit », est sorti le 5 novembre dernier et emmène le milliardaire en jeans aux frontières de l’espace…
Cher Thomas
Nous ne nous connaissons pas, et pourtant j’ai l’impression que vous m’êtes familier. La fréquence de vos apparitions dans les médias n’y est pas étrangère.
J’ai une grande admiration pour vous et pour tous ceux qui vous ont précédé, ainsi que pour votre façon très personnelle de communiquer de là-haut, et ici-bas, afin que les humains prennent conscience avec lucidité de la grande singularité de notre petite sphère bleue.
Je suis né au début de la conquête spatiale et j’avais 8 ans lorsque l’homme posait pour la première fois un pied sur la Lune.
Jusque dans les années 50, beaucoup d’entre nous sur Terre situaient le paradis quelque part là-haut, au-delà des nuages, dans les limbes, mais sans savoir exactement où !
Puis soudainement, dans le courant des années 60, les premiers « cosmonautes » de retour de l’espace avec le récit de leur vision de notre planète, et la première photographie de cette boule bleue, ont provoqué un tremblement dans les consciences.
L’écologie déjà existante y trouvait un argument de poids. Nous habitions sur un radeau au milieu d’un océan spatial, dans la nuit noire d’un univers profond et sans fin.
Et lentement, mais sûrement, grâce à vous chers spationautes, nous avons réalisé que le Paradis c’était ici, et que nous vivions sans le savoir, dessus et pas dessous.
J’écris ces lignes alors que vous êtes déjà redescendu de la Frontière de la Nuit.
Alors que des trombes d’eau s’abattent sur le Canada ravageant le Sud de la Colombie Britannique,
Alors que la COP26 se termine lamentablement en Écosse,
Alors que l’Indonésie, désireuse d’entrer dans la course à l’espace, s’apprête à raser Biak, une île paradisiaque sur l’équateur, pour la transformer en base spatiale avec le soutien d’Elon Musk,
Alors que la Russie vient de détruire un satellite devenu encombrant, dispersant ainsi des milliers de débris supplémentaires dans notre proche banlieue terrestre que la gravité a mis des millions d’années à nettoyer…
Aux vues des dernières nouvelles, je crains que le message ne soit pas encore connu de tous.
Heureusement, certains et certaines vous entendent.
Aujourd’hui, vous et tous vos prédécesseurs n’êtes plus seuls à vous époumoner sur une planète où les cris, comme dans l’espace, semblent n’avoir aucune portée.
A mon petit niveau et avec mes modestes moyens, dans votre sillage et dans ceux de bien d’autres aujourd’hui, j’ai entrepris de relayer votre SOS.
Merci Thomas, essayons de changer le monde, mais ne changez pas !
Philippe Francq

