Les ambitions d’Axiom Space 

Au-delà de la mission Ax-1 actuellement en cours à bord de la Station spatiale internationale, la société Axiom Space nourrit de grandes ambitions.

Une mission précurseur

Le 8 avril s’est envolée pour la sixième fois une capsule Crew Dragon de Space X occupée par des astronautes. Mission de routine ? Pas exactement : il s’agit pour la première fois d’un vol entièrement privé ne comprenant aucun astronaute appartenant à une agence spatiale gouvernementale. Ce vol dit Ax-1, prévu pour durer 8 jours, transporte en effet un employé de la société Axiom Space comme commandant de bord, Michael Lopez-Alegria, et trois clients privés : Larry Connor, le Canadien Marc Pathy et l’Israélien Eytan Stibble.

Pendant leur court séjour comparé aux missions d’occupation de la station, les quatre astronautes vont réaliser des expériences biomédicales, technologiques et des observations de la Terre à la suite de l’amarrage réussi de leur capsule Endeavour (troisième vol), le 9 avril sur le module Harmony.

Avec l’arrivée de l’équipage d’Axiom, le nombre d’astronautes à bord de la Station spatiale internationale est de nouveau remonté à onze.

Crédit : NASA TV
Crédit : NASA TV

Déjà quatre missions programmées

La société Axiom Space, créée seulement en 2016, rassemble déjà de solides compétences en termes de vols habités et stations spatiales. Elle a été créée par deux pointures du programme spatial américain. Michael Suffredini de son coté, ne fut rien moins que le directeur du programme ISS de la NASA de 2005 à 2015. Quant à Kam Ghaffarian, il a fondé la société Stinger Ghaffarian Technologies, qui est un puissant fournisseur de prestations d’ingénierie et d’entrainement aux astronautes pour la NASA.

L’équipe de direction comprend également plusieurs anciens cadres de la Nasa, ainsi que trois astronautes vétérans, dont le commandant de la mission Ax-1 Michael Lopez-Alegria, qui réalise à cette occasion son cinquième vol dans l’espace, après trois missions sur trois navettes spatiales différentes (Columbia, Discovery et Endeavour) et une sur le Soyouz TMA-19. Sur ses quatre vols, trois ont déjà eu pour destination la Station spatiale internationale. L’astronaute cumulait avant ce lancement près de 258 jours dans l’espace.

Au-delà de la mission Ax-1, trois autres vols à destination de l’ISS sont d’ores et déjà programmés d’ici fin 2023 (en toute logique baptisés Ax-2 à 4) mais probablement de façon plus réaliste d’ici 2024.

Pour le vol Ax-2, prévu à ce jour début 2023, le commandement sera confié à Peggy Whitson, astronaute vétérante de trois missions à bord de la station et qui cumule près de 666 jours dans l’espace ! Pour nous Français, elle présente aussi la particularité d’avoir volé avec Thomas Pesquet sur le Soyouz MS-03 lancé en 2016.

Un futur segment Axiom sur l’ISS

Mais ces quatre premiers vols déjà annoncés ne représentent qu’une entrée en matière pour Axiom Space qui ambitionne de devenir la première société privée au monde dans le domaine des stations orbitales.

Dans ce but, en janvier 2020, elle s’est vue attribuer par la NASA un contrat pour fournir trois modules et une coupole d’observation qui viendront constituer le « segment Axiom » de la Station spatiale internationale.

Les modules prévus sont les suivants :
– un nœud de jonction (AxH1 Axiom Hub Module 1) en 2024
– un module d’habitation (AxH2 Axiom Hub Module 2) en 2025

Et un module de recherche (AxL Axiom Lab Module) comprenant une coupole d’observation vitrée, en 2026.

La mise en place de ce segment nécessitera un léger réaménagement de la configuration actuelle de la station car il faudra libérer de la place au bout du module Harmony (Node 2), en repositionnant ailleurs la pièce d’amarrage PMA-2 qui s’y trouve actuellement.

La construction du premier module a déjà commencé dans l’établissement de Thales Alenia Space, à Turin en Italie.

Crédit : Axiom Space

Une station autonome dès 2028

Mais les plans d’Axiom Space ne s’arrêtent pas là. Avant la fin de l’exploitation de l’ISS, la société prévoit de séparer son segment de la station après l’avoir complété par d’autres modules afin d’en faire une station privée autonome. En particulier, il sera nécessaire d’ajouter au moins un module permettant de fournir de l’électricité à la station et d’effectuer son contrôle thermique, ainsi qu’un sas de sortie pour les astronautes. Ce sera le rôle du module AxPT pour Axiom Power Tower, prévu en 2027. La séparation du segment Axiom complet pourrait alors intervenir au plus tôt en 2028.

A cette date, au moins trois autres compagnies privées prévoient de lancer leurs propres stations orbitales pour succéder à l’ISS. Mais cela est une autre histoire…

Crédit : Axiom Space
Crédit : Axiom Space

Jacques Bocherens