L’astronaute américain Shane Kimbrough et son collègue français Thomas Pesquet vont effectuer les 16 et 20 juin des « marches » dans le vide d’environ 6 heures et 30 minutes chacune, afin d’installer sur la Station spatiale internationale les deux nouveaux panneaux solaires iROSA (ISS Roll Out Solar Array), qui ont été livrés le 5 juin dernier à l’aide du vaisseau-cargo Dragon CRS 22.
Ce sera la 74e sortie extravéhiculaire (désignée US EVA 74 par la Nasa, pour US Extra Vehicular Activity 74) effectuée à l’aide de scaphandres américains à l’extérieur de l’ISS depuis le début de son assemblage, en décembre 1998.
Lors d’un échange vidéo entre les relations publiques de la Nasa et Shane Kimbrough, celui-ci a expliqué comment les choses devraient se dérouler : « Thomas et moi avons vraiment hâte de sortir, confiait l’astronaute. Bien sûr, il y a toute une équipe ici à bord, ainsi qu’au sol, et ils vont prendre soin de nous et s’assurer que nous faisons ce qu’il faut. [Les nouveaux panneaux déployables iROSA] sont superbes, nous avons eu la chance de les voir lorsque nous étions à Kennedy juste avant notre lancement, il y a un peu plus de six semaines environ, et c’est assez incroyable à voir le matériau dont ils sont faits. C’est donc ce matériau de couverture composite, souple et léger, qui peut être stocké de manière très compacte. Mais, lorsqu’il est déployé, il peut apporter beaucoup de lumière, ce qui dans notre cas nous donnera beaucoup de puissance à la station spatiale ».
Sur la même longueur d’onde
Shane Kimbrough et Thomas Pesquet avaient déjà eu l’occasion de travailler ensemble dans le vide en 2017 lors de la mission Proxima, à l’occasion de deux EVAs. Un réel avantage que confirme l’Américain : « Ces EVAs vont être très difficiles et très complexes. Nous devons nous assurer que nous sommes tous les deux sur la même longueur d’onde pour chaque mouvement que nous faisons, que ce soit pour protéger les panneaux solaires, pour simplement protéger la puissance ou pour connecter l’un des connecteurs électriques ».
« Les panneaux que nous allons installer sont beaucoup plus petits que les panneaux d’origine : ils mesurent environ 18 mètres sur 4,5 mètres. Nous allons les placer à la base des panneaux solaires existants et, bien sûr, ils ne se heurteront pas lorsqu’ils seront en mouvement. Toute cette géométrie a été élaborée par les ingénieurs ».
Shane Kimbrough explique que, chaque panneau produisant environ 20 kilowatts avec une efficacité de 20 à 30%, avec une puissance, « une fois les six nouveaux panneaux iROSAs installés, nous allons ajouter environ 120 kilowatts de puissance à la station spatiale : c’est assez incroyable en soi ».
Difficultés multiples
Shane Kimbrough s’attend à affronter « beaucoup de complexités », en particulier avec le matériel : « Cela pourrait venir de n’importe quel boulon. Quand nous enlèverons l’iROSA de sa palette, si [des boulons de fixation] ne fonctionnent pas, ce sera un problème, n’est-ce pas ? Si les boulons ne rentrent pas quand nous installerons sur les supports de montage de la poutre P6, nous aurons un problème. Il y a donc un tas de petits points d’achoppement, mais je ne peux pas vraiment en cerner un qui nous préoccupe particulièrement […]. Durant la période de pénombre [quand le Soleil se trouvera de l’autre côté de la Terre], nous aurons des actions à faire pour connecter l’alimentation de ces nouveaux panneaux à celle des anciens panneaux. Ce n’est pas difficile, nous l’espérons mais, encore une fois, si nous avons des complications à cause des connecteurs ou autre, cela deviendra un gros problème car, si nous ne pouvons pas faire l’opération durant la période de pénombre, nous devrons attendre la suivante, 45 ou 50 minutes plus tard. Donc le timing va être très délicat… ».
Thomas Pesquet aux commandes
Shane Kimbrough a aujourd’hui déjà réalisé six EVAs depuis son premier vol, en novembre 2008, et mesure la chance qu’il a de pouvoir revivre l’expérience : « Lorsque je volais dans la navette, il y a plusieurs années, et que j’ai eu la chance de faire quelques sorties dans l’espace, j’avais vraiment pensé que ce serait probablement la seule fois où je serais à l’extérieur. Les choses se sont déroulées différemment, et j’ai eu la chance d’en faire beaucoup plus : je suis très béni et je me sens très chanceux. Cette fois, c’est Thomas qui va diriger ces deux sorties dans l’espace, et j’ai hâte qu’il soit dans ce rôle et que je sois son soutien ».
L’US EVA 74 devrait démarrer le 16 juin autour de 14 heures (heure de Paris), et sera diffusée en direct sur la chaîne YouTube de la Nasa. ARTE diffusera également la sortie sur sa chaîne principale YouTube et Twitch, avec plusieurs experts du CNES et de ses partenaires.
Retranscription et traduction de Maria Curlin
Crédit photo : M. McArthur / NASA