Une pratique sportive quotidienne indispensable

Crédit : ESA/NASA

Thomas Pesquet pratique 2h30 de sport chaque jour à bord de la Station spatiale internationale. Le docteur Guélove Nolevaux nous explique pourquoi.

Si le vol de Youri Gagarine a permis de prouver que les êtres humains pouvaient vivre dans l’espace, les premiers vols de longues durées réalisés dès les stations Saliout puis Mir ont établi que cela n’était pas sans conséquence du point de vue physiologique.

Parmi les principales modifications notables, nous pouvons retrouver le phénomène de déminéralisation osseuse (phénomène équivalent à l’ostéoporose), la fonte musculaire au niveau de certains membres non utilisés du fait de l’absence de gravité (phénomène de « chicken leg », ou jambe de poulet), la désadaptation cardio-vasculaire (le cœur étant avant tout un muscle, l’absence de pesanteur rend son travail plus facile car n’ayant pas à lutter contre la gravité pour faire circuler le sang de bas en haut).

D’autres phénomènes existent, mais l’enjeu majeur des exercices sportifs réalisés dans les stations spatiales est principalement de lutter contre ceux-ci afin de faciliter le retour des astronautes à la pesanteur. En effet, imaginons le premier vol humain vers Mars : l’équipage subissant de nouveau la pesanteur de cette planète (même si plus faible que celle de la Terre) à l’issue d’un voyage long de quatre mois. Il pourrait perdre connaissance du fait de la faiblesse du cœur incapable d’envoyer le sang vers le cerveau, ou bien ne pourrait se déplacer du fait d’une faiblesse musculaire ou encore serait susceptible de se fracturer un os suite à une banale chute. Sans aller sur Mars, l’équipage lors d’un retour non nominal sur Terre d’une mission dans l’ISS doit être capable de s’évacuer seul de la capsule, ce qui exige des conditions physiques minimums.

Afin de limiter les effets néfastes de l’absence de pesanteur, il a été prouvé scientifiquement que la pratique quasi-quotidienne de sport avait un effet bénéfique sur la condition physique des astronautes. Ils ont donc accès à une véritable salle de sport de l’espace. Avec notamment, un vélo d’appartement (CEVIS), une machine de musculation (ARES) – avec vue sur Terre grâce à la Cupola – ou un tapis roulant (T2).

Grâce à ces exercices, il est possible de limiter la fonte musculaire des muscles du dos et des membres notamment inférieurs, d’entretenir la masse myocardique et donc la force du cœur et de freiner la déminéralisation osseuse. Cette dernière est possible grâce aux impulsions créer sur les membres inférieurs lors de la course par chaque impact du pied sur le sol : ces impulsions stimulent les ostéocytes (cellules permettant la régénération de la masse osseuse).

Tout comme pour nous, il n’est pas facile pour les astronautes de se motiver tous les jours pour 2 heures 30 de sport, même avec une vue imprenable, car cela peut engendrer des douleurs notamment à cause du frottement des sangles, sans compter les possibles problèmes d’hygiène (impossible de prendre une bonne douche après sa séance ; seul un linge humide est possible).

Docteur Guélove Nolevaux