La Terre dans l’œil de Thomas Pesquet

L’une des raisons du succès des missions spatiales de Thomas Pesquet provient du fait que ses plus beaux clichés de la Terre (réalisés sur ses temps libres) sont partagés quotidiennement sur les réseaux sociaux. Ainsi, lors de la mission Proxima, entre novembre 2016 et juin 2017, ce sont quelques 70 000 photos qu’il avait réalisées, dont 1 400 avaient été mises en ligne.
« Le segment russe de la station regorge d’appareils photo, avait à l’époque raconté l’astronaute français. Il offre également de super hublots au nadir (= à visée verticale) […]. Surtout, on a un observatoire privilégié à disposition : la Cupola et sa vue sans égale sur la Terre ».
Quatre ans plus tard, la coupole d’observation panoramique (fabriquée en Italie) a toujours le même succès : « Le weekend, on rencontre toujours du monde dans la Cupola… mais chacun a ses heures, indiquait Thomas le 9 mai dernier : moi le matin (pour voir l’Europe), Shane [Kimbrough] l’après-midi (pour les USA), et Aki [Hoshide] le soir (pour le Japon)… Ensuite on inverse pour les photos de nuit ».

Astrophotographes
Les astronautes ne s’improvisent pas photographes, et ont également suivi une formation spécifique pour bien manipuler le matériel disponible à bord de la Station spatiale internationale, choisir les bons objectifs et effectuer les réglages adéquats pour réaliser des images… alors que le paysage défile sous leurs yeux à la vitesse de 7,8 km par seconde.
« Durant notre entraînement, on suit des cours de photo, mais rien ne vaut la pratique, considérait Thomas le 14 mai. Je trouve mes photos plus réussies aujourd’hui qu’au début de la mission Proxima… mais moins bien qu’à la fin ».
Par ailleurs, les astronautes utilisent un logiciel de navigation pour anticiper leurs prises de vue : « On peut prédire le moment exact où la station va survoler telle ou telle lieu (Paris, par exemple), et il n’y a alors plus qu’à espérer que le beau temps soit au rendez-vous : on ne voit rien sans un ciel dégagé ».
Lors de son premier vol, Thomas a beaucoup utilisé un reflex numérique Nikon D4S. Il expliquait en décembre 2016 : « On peut choisir différents objectifs, entre le 8 mm (pour photographier l’intérieur de petits modules) au 800 mm et son téléconvertisseur 1.4. C’est le plus puissant et mon arme de prédilection ces derniers temps. La station vole tellement vite qu’il n’y a pas beaucoup de temps à chaque passage pour dégainer l’appareil photo, et il fait également compenser le déplacement de l’ISS pour obtenir une image nette. Une fois ces subtilités maîtrisées, il y a de quoi être créatif : time-lapse, photo de nuit, etc. ».
Pour la mission Alpha, le matériel est un peu plus récent, et l’équipe dispose maintenant de boîtiers Nikon D5.

L’envers du décor
Bien entendu, Thomas Pesquet n’a ni le temps, ni les moyens techniques d’abreuver les réseaux sociaux plusieurs fois par jour depuis l’ISS. C’est toujours lors de ses moments libres qu’il sélectionne ses photos et les commente avec des mots clés, avant de les envoyer compressées au sol.
Le transfert s’effectue en quatre étapes, grâce au système DTN (Disruption Tolerant Network) de la Nasa, qui garantit la réception complète des données, même lorsque les débits de transmission sont faibles : les messages transitent d’abord par le réseau interne de la station, puis par deux satellites-relai TDRS américains, avant d’être réceptionnés par des stations terrestres.
Depuis le Centre européen des astronautes à Cologne, en Allemagne, c’est toute une équipe de communicants qui se charge de compléter et de traduire les textes, de les diffuser quotidiennement, à différents moments de la journée, mais aussi de modérer les différents comptes de l’astronaute en son nom. Ainsi, on peut admirer les photographies de la Terre sur Facebook, Flickr, Instagram et Twitter, et ainsi constater sa formidable popularité sur ces différents médias.

Après avoir commenté près de 80 photographies de la mission Proxima (archivées dans la rubrique La Terre dans l’œil de Thomas Pesquet), le géographe Gilles Dawidowicz nous fait régulièrement découvrir les clichés pris depuis l’ISS durant la mission Alpha, dans la rubrique Les plus beaux clichés de la Terre.

Crédit photo : Akihiko Hoshide / JAXA