Des microbes pour nettoyer les sous-vêtements

Un article, rédigé par Mindy Weisberger et intitulé « Astronauts may finally start cleaning their space underwear (with microbes) » (Les astronautes pourraient enfin commencer à nettoyer leur sous-vêtements spatiaux (avec des microbes)), a été publié le 14 mai 2021 sur le site Live Science.
Il est ici traduit en intégralité par Jean-Pierre Nouaille.

Des composés bactériens pourraient fournir une protection antimicrobienne

Un homme porte un sous-vêtement – connu en tant que Liquid Cooling and Ventilation Garment (vêtement de refroidissement liquide et de ventilation) – qui a été conçu pour la Space Shuttle/International Space Station Extravehicular Mobility Unit (unité pour la mobilité extravéhiculaire pour la navette spatiale et la Station spatiale internationale), photographiée en 1994. Crédit : NASA

Nous sommes probablement tous d’accord sur le fait que partager des sous-vêtements non lavés avec une autre personne n’est pas idéal. Toutefois, pour les astronautes à bord de la Station spatiale internationale, réaliser une marche dans l’espace nécessite non seulement de partager les combinaisons spatiales, mais aussi les vêtements qui sont portés à même la peau sous la combinaison et qui ressemblent à de longs sous-vêtements, connus sous le nom de Liquid Cooling and Ventilation Garnment (LCVG : vêtement de refroidissement liquide et de ventilation).
L’accès au LCVG fraîchement lavé n’est pas une option sur l’ISS, mais les techniciens de l’Agence spatiale européenne (ESA) posent des jalons pour l’amélioration des propriétés antimicrobiennes des matériaux des LCVG afin de conserver ces vêtements partagés propres et frais plus longtemps, ont déclaré des représentants de l’ESA dans un communiqué.
Dans un nouveau projet, d’une durée de deux ans, appelé Biocidal Advanced Coating Technology for Reducing Microbial Activity (Bacterma : technologie de revêtements biocides avancés pour la réduction de l’activité microbienne), les chercheurs de l’ESA ont collaboré avec le Vienna Textile Lab – une entreprise privée en Autriche qui produit des teintures pour tissus à partir de bactéries. Les composés générés par cette bactérie rendent aussi les fibres textiles plus résistantes à certains types de microbes, selon le communiqué.
Les astronautes dans l’ISS gardent leurs mains et leur corps propres avec des solutions de lavage sans rinçage et des shampoings secs, mais le lavage des vêtements, y compris des sous-vêtements, demanderait trop d’eau et est simplement impossible, d’après la Nasa. Pas plus qu’il n’y aurait d’espace de stockage suffisant dans l’ISS pour que les astronautes puissent ranger leur linge de rechange pour chaque jour de leur mission.
Quant à leur sous-vêtements sales, les astronautes n’ont pas le luxe d’être délicats et peuvent en porter une paire plus d’une fois. L’astronaute américain Don Pettit a écrit qu’il changeait ses sous-vêtements tous les trois ou quatre jours lorsqu’il était à bord de l’ISS, d’après la Nasa. Et quand l’astronaute japonais Koichi Wakata a testé dans l’espace les sous-vêtements à revêtement résistant aux bactéries, il en a porté une paire « à peu près un mois », a relaté le San Francisco Times.
« Wakata n’a rapporté aucun effet d’odeur piquante après avoir porté ces tissus durant le délai prévu », d’après le Times.
Quand les vêtements deviennent trop souillés ou malodorants pour qu’un astronaute les portent plus longtemps, ils sont soit renvoyés vers la Terre en tant que poubelle, soit empaquetés dans une capsule (de ravitaillement), qui est éjectée dans l’espace et brûlée dans l’atmosphère, a déclaré la Nasa.

L’astronaute David A. Wolf réalise une sortie dans l’espace le 12 octobre 2002, Le sous-vêtement long que porte Wolf sous sa combinaison peut avoir été porté par un autre astronaute également. Crédit : NASA

Les LCVG sont seulement portés durant les sorties, mais les astronautes travaillent plus dur que d’habitude lorsqu’ils portent ces sous-vêtements partagés. Un LCVG est très ajusté, couvrant les membres et le torse et gardent les astronautes au frais durant les efforts physiques extrêmes du travail dans le vide spatial (une couche pour adultes est portée en-dessous, au cas où les astronautes auraient besoin de se soulager durant les sorties qui peuvent durer des heures). La ventilation extrait l’air humide des extrémités, alors que les tubes flexibles qui sont cousus à l’intérieur du vêtement font circuler de l’eau autour du corps, aident à enlever l’excès de chaleur et maintiennent une température corporelle interne confortable, d’après le Musée national de l’air et de l’espace.
Les scientifiques de l’ESA étaient déjà en train de rechercher des matériaux candidats pour améliorer les couches externes des combinaisons spatiales, donc cette nouvelle initiative « est un complément utile, en regardant les molécules tueuses de petites bactéries qui peuvent être utiles pour toutes sortes de tissus de combinaison de vol – y compris l’intérieur des combinaisons de sortie, déclare Malgorzata Holynska, ingénieur en matériaux à l’ESA, dans un communiqué.

Vue au microscope à balayage électronique des textiles d’essai. Crédit : Österreichisches Weltraum Forumastronaute

« Cela peut sembler contre intuitif de se débarrasser des microbes en utilisant les produits de microbes », a déclaré dans un communiqué Seda Özdemir-Fritz, un scientifique du projet Bacterma avec le Forum de l’Espace Autrichien. « Mais toutes sortes d’organismes utilisent des métabolites secondaires pour se protéger de conditions environnementales extrêmes. Le projet les examinera en tant que finitions innovantes de textiles antimicrobiens ».
Les scientifiques testeront les performances des propriétés antimicrobiennes de ces nouveaux textiles en les exposant à de la sueur, de la poussière lunaire et des radiations, pour simuler les conditions qui pourraient accélérer le vieillissement et la détérioration du tissu dans l’espace, a ajouté Holynska.

Mindy Weisberger
Mindy Weisberger est une écrivaine confirmée pour Live Science, qui couvre des sujets de science en général et plus particulièrement à ceux liés au cerveau, au corps et aux comportements humains et d’autres animaux – vivants et disparus. Mindly a étudié la réalisation à l’université de Columbia : ses vidéos sur les dinosaures, la biodiversité, les origines de l’Homme, l’évolution et l’astrophysique sont présentés dans le musée américain d’histoire naturelle, sur YouTube, dans les musées et dans les centres scientifiques dans le monde entier.

Traduction : Jean-Pierre Nouaille