T’as pas un peu grossi, toi ?

Le « poids » dépendant de la pesanteur, un astronaute dans l’espace ne pèse plus rien. Pour autant, il conserve une masse, que les médecins surveillent.

Pourquoi surveiller la masse d’un astronaute en vol ?

Dès les débuts de l’exploration spatiale, les médecins ont remarqué une perte de poids significative des astronautes au retour sur Terre (environ 5 %). Cette perte de poids n’est cependant pas uniquement due aux modifications physiologiques du manque de pesanteur. Celle-ci est également due à une balance énergétique en défaveur des apports. L’astronaute perd de la masse maigre (du muscle) mais également de la masse grasse. Si cela n’est pas compensé, l’astronaute peut se trouver dans un état de dénutrition et donc avoir des conséquences sur ses performances physiques et intellectuelles.

Mais comment se peser dans l’espace ?

William Thornton, un médecin astronaute (décédé en 2021) qui a effectué deux vols à bord de la navette spatiale Challenger (STS-8 en 1983 et STS-51B en 1985) a aidé à mettre au point une méthode permettant de mesurer la masse des astronautes dans l’espace. Grâce à la mesure de leur masse, il est alors facile d’estimer le poids des astronautes.

Cette technique est basée sur l’utilisation de ressorts oscillants : l’astronaute s’agrippe à une sorte de tabouret muni d’un ressort qui soulève et abaisse la selle à une fréquence qui dépend de la masse. En mesurant la fréquence, on en déduit donc la masse. En effet, la force du ressort étant constante, plus le tabouret où s’appuie l’astronaute se déplie rapidement, plus la masse de l’astronaute est faible.

Deux systèmes sont actuellement utilisés à bord de la Station spatiale internationale : le Space Linear Acceleration Mass Measurement Device (ou SLAMMD), du côté américain, et le Body Masse Measurement Device (ou BMMD), du côté russe.

L’avenir de la pesée spatiale ?

Ces deux systèmes présentent cependant l’inconvénient de prendre beaucoup de place et de nécessiter beaucoup d’énergie. Des études sont en cours pour développer des caméras capables de créer un modèle 3D de l’astronaute. Grâce à ce modèle 3D, il serait alors possible d’estimer un volume puis la masse et donc le poids de l’astronaute.

Docteur Guélove Nolevaux